Les ateliers mobiles se multiplient cet hiver. Accompagnés de notre vélo cargo, garni d’une caisse à outils, de pneus, chambres à air et d’ huile regénératrice, nous sommes maintenant un petit collectif sur place tous les mercredis de 16h30 à 18h30, 10 rue du Hohwald, en face de la Laiterie, pour héler les passants et les inviter à venir se salir les mains. Et, pourquoi pas, si la chance est au rendez-vous, à redonner un nouveau souffle à leur bicyclette. En effet, il ne s’agit bien souvent que d’un souffle pour ravigorer une enveloppe de caoutchouc devenu trop flasque. Le coup de pompe revêt bien d’autres vertus : le temps de partager un thé fumant, de discuter, de prendre une adresse courriel ou un numéro de téléphone. On se recontactera. La prochaine fois, peut-être faudra-t-il une rustine pour panser une chambre à air brutalisée. La prochaine fois peut-être, pourras-tu montrer à quelqu’un comment on se sert de la pompe.
Le thé est un élément essentiel, il fait partie de la caisse à outils. Il réchauffe la main endolorie par une clé de 12 congelée. Il conjure le froid strasbourgeois, au moins provisoirement. Car un atelier d’autoréparation dans le quartier gare, en janvier 2018, ce sont toujours deux heures passées qui ne passeraient pas sans bonnet sur la tête, sans mains dans les gants, sans pieds dans trois paires de chaussettes.
Depuis quelques semaines, nous avons réussi à trouver un toit mais pas de murs, sous une taule ondulée, sur le parvis du 10 rue du Hohwald juste à côté du TAPS. Le froid est toujours là ; la pluie, elle, nous épargne. Décision a été prise d’organiser nos ateliers à cet endroit après avoir rencontré le 16 janvier dernier, Christelle Ladenburger et Alexis Amet. La première est chargée de mission de quartiers pour la ville de Strasbourg. Le second est le futur locataire du café-cantine (propriété de la ville) qui investira, sous le nom de Saperlipopette, l’ancien bar-laiterie désafecté sur le parvis duquel nous proposons aujourd’hui nos ateliers. Cette rencontre aura été pour nous l’occasion de faire plusieurs demandes. Nous avons convenu que nous pourrions nous positionner toutes les semaines sur le parvis et la possibilité qu’on puisse disposer d’une clé du local pour pouvoir stocker du matériel a été acceptée.
Dans la mesure où les travaux ne seront pas bouclés avant la fin de l’année 2018, nous avons aussi proposé à la ville de signer une convention d’occupation précaire qui la lierait avec nous, collectif transformé en association. Une telle convention nous permettrait d’occuper les lieux le temps des travaux en échange d’une redevance modique payée à la ville.
Ainsi, si nous signions une convention d’occupation précaire, nous pourrions organiser nos ateliers non seulement à l’abri mais au chaud. Le temps de rencontrer de nouvelles personnes motivées pour trouver un autre local de façon pérenne à partir de janvier 2019 lorsqu’il nous faudra quitter les lieux pour laisser place à Saperlipopette. Le temps aussi pour la ville de Strasbourg de nous faire des propositions concernant des locaux où nous pourrions nous installer définitivement.
Et vous, à propos, vous passez quand ?