Alors, ca fait quoi de vivre un mythe ?

Ce matin, je dois passer à l’atelier chercher des pièces pour réparer mon vélo. Je le sais, le vendredi des vacances scolaires, c’est la balade du dernier jour de stage des « PMC » (les Petites Mains dans le Cambouis pour les intimes). Je sais donc que si je veux croiser Sacha, c’est à 9h tapante qu’il faut venir. Je sais aussi que si je veux boire un café, je peux venir un peu avant, il en aura fait couler un, sinon, il ne survit pas à la balade.
Ce que je ne sais pas en arrivant, c’est que je fais maintenant partie de cette merveilleuse catégorie de gens qu’il arrive si bien à détourner de ce qu’ils ont prévu de faire pour les embarquer dans les activités variées de cette association merveilleuse : les bénévoles. Le temps de commencer à dire « C’est vrai que vous avez de la chance, ça va se lever, il va faire beau, vous allez avoir de jolies couleurs. Dommage, moi j’ai prévu… » et de me dire « Allez, je le ferai la prochaine fois… En même temps, le risque n’est pas négligeable que j’ai retrouvé un travail d’ici là… ». Je suis embarquée : « Allez, moi je ferme la marche ! ».
Ce que je n’ai jamais su, c’est ce qu’il y a vraiment dans cette balade ! On a réfléchi des heures à comment l’encadrer, stressés de ne pas savoir qui allait l’accompagner, comment la caser dans le planning. Au début j’ai mis Sacha en lien avec l’équipe de Bussière. Et puis pendant des années, je n’ai plus fait que me réjouir : « Ah, ce matin, ils sont loin, plus juste derrière la vitre de mon bureau ».
Aujourd’hui, je profite. Je souris bêtement au démarrage. Une maman dit à Sacha combien elle est heureuse du stage : « Il nous raconte tous les jours plein de choses intéressantes ». Sourire, fierté un peu ! Je profite des couleurs de l’automne, du rythme tranquille sur la piste encore embrumée. Et oui, l’automne ne se résume pas à une grosse tristesse quand il fait déjà nuit beaucoup trop tôt. C’est encore quelques couleurs, une ambiance. Je suis heureuse d’en profiter et de m’en souvenir. J’imagine que Sacha et la jeunesse aussi, avant la rentrée. Pour la première fois, je peux parier avec Sacha. Il y en a toujours un.e qui fait un peut trop le/la malin.e et qui finit par tomber en balade pour clôturer la semaine.
Et surtout, je découvre, ce qu’il y a derrière « Balade jusqu’à Bussière ». Il y a le trajet aller, l’écoute de chacun « J’ai besoin d’une pause », l’adaptation aux rythme « Bon, on ira peut être pas jusqu’à la cascade cette fois-ci ». Bussière, c’est le lieu du goûter, de la pause revigorante. Sacha a prévu son thermos de café, on échange avec l’équipe. Ils jouent au ballon, ne grimpent surtout pas aux arbres !  Au passage Sacha nous a fait la visite : « Connaissez vous les vaches Shettland ? Elles sont drôles avec leurs cheveux dans les yeux » ou encore « Mais regardez-moi ces couleurs, que c’est beau ! ».
Le retour, au grand dam des plus petits d’entre nous, inclus le plus-grand-tour-possible du parc de l’Orangerie. On traverse le zoo. À la pause, on s’interroge « Ils ont enlevé les lynx, mais un kangourou blanc, ça vit vraiment avec des cigognes ? ». On se remet en route en longeant les quais au soleil et nouvel arrêt à la citadelle. Ce coup-ci, c’est pour un concours de dérapage ! Record à battre : 22 mètres ! On découvre aussi ensemble la « course de lenteur », le dernier arrivé a gagné.
Mais avant ça, on fait le tour des remparts « Alors, là, on va regarder tout droit, parce que le chemin est étroit, et à droite, parce que c’est vraiment très beau ! ». Merci Sacha, 32 ans à Strasbourg, je n’étais jamais montée ! Et pour la première fois de la désormais très longue histoire des « PMC », nous avons perdu notre pari, pas de chute !
C.
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