Quand nous avons parlé aux ami·es du projet StiWiWonder – La mécanique vélo, un instrument sonore et tactile, nous avons souvent intercepté un regard ironique : pourquoi transmettre les principes de la réparation autonome à des personnes malvoyantes et non voyantes ? Quoi, elles peuvent vraiment faire du vélo ? Comment elles vont retrouver les outils ? Et quoi après, visiter le moulin de Hurtigheim avec l’association d’intolérant·es au gluten ?
En réalité, le rapport entre vélo et déficience visuelle est long et développé. Dans l’éventail d’exemples, on trouve des vélocistes non voyants aux Pays Bas dans les années 20, ou encore des magasins gérés par des réparateurs qui ont perdue la vue aux États-Unis et en Angleterre, des malvoyants réparent eux même des vélos à enjambements bas, tout comme on trouve partout des formations professionnelles spécialisées.
Entre juin 2019 et janvier 2020, Bretz’Selle, l’association Vue d’Ensemble et le Centre Louis Braille ont apporté leur contribution au thème : différents groupes de participants voyants, non voyants et malvoyants ont appris les principes de l’auto-réparation, pour se lancer immédiatement après dans des actions ambitieuses.
Mais quel type d’actions, et avec quels résultats ? La langue française ne tolère pas les répétitions, mais quand il faut il faut, c’est le moment d’un deuxième éventail d’exemples. Et alors, par exemple :
- En septembre, dix tandems conduits par des binômes voyants/non voyants ont participé a la première véloparade Vélo-Tandem by Night : avec eux, une centaine de participants a parcouru les quais de Strasbourg pour sensibiliser les citoyens au risque de sédentarisation des personnes qui ont une déficience visuelle.
- Trois participants mal voyants ont rapidement choisi de croiser la mince frontière entre formateurs et formé.e.s : ils et elles sont devenues bénévoles de Bretz’Selle, et aident les adhérent·s à remettre leurs vélos en état.
- Un atelier vélo autonome a ouvert ses portes au sein du centre Louis Braille, et deux jeunes du centre envisagent sérieusement une formation professionnelle pour mécaniciens vélo.
- Pour permettre à un participant non voyant de tester une dynamo, nous avons converti la lumière en son : le ‘détecteur musical de lumière‘ est le dernier né des outils construits par Bretz’Selle.
Prochaines choses à faire ? Bien accueillir les nouveaux bénévoles, créer une pompe a manomètre parlante, remercier vivement la Fondation de France et la ville de Strasbourg pour avoir financé ce magnifique projet. Et comme à chaque fois, dans chaque projet, se souvenir de ranger les outils à la fin du travail.