Je peux affirmer en toute sincérité que tout ce que je sais du maniement de la meuleuse et de la machine à souder, c’est Jeff et Julien qui me l’ont appris. Pour leur patience et leurs encouragements: merci, merci beaucoup !
Après des études de droit, je fais un job de bureau. C’est donc sans aucune expérience du traitement des métaux, mais avec quelques appréhensions que je me suis présentée au stage le mercredi au soir. Est-ce que je vais me retrouver avec des accros de la mécanique, seule débutante incapable et maladroite ? Ces craintes se sont dissipées dès que j’ai fait la connaissance de Julien M. et Mélanie, mes co-stagiaires sympas et rigolos comme tout. Avec l’aide de Jeff, de Julien G. et de Fabien, j’ai levé le voile sur le mystère de la meuleuse (« Flex » pour les intimes, les Alsaciens et les Allemands).
Au début, c’est les étincelles que produisait le disque de la meuleuse quand il tourne qui me fascinaient: c’est beau. Tout simplement beau. Et assourdissant. Il faut donc apprendre à se concentrer sur son travail en ne regardant pas les belles étincelles, mais le bout de fer que l’on travaille, et en ignorant le bruit des autres meuleuses (qui se perçoit quand même à travers des protections auditives), ainsi que les « piff-paff » de l’appareil à souder.
Se concentrer donc. Puis il faut préparer les pièces pour la soudure : les libérer de leur peinture. On change de disque de meuleuse. On ne regarde pas les belles étincelles, et là, sous la peinture plus ou moins décrépite et moche apparaît le métal luisant. En fait, c’est beau aussi. Ça a la beauté des choses nues, pures. Mais bon, il faut le former, le marteler, je découvre que le métal est malléable. Puis vient le grand moment : la pièce est prête à être soudée.
Je dois avouer que le maniement de la meuleuse, j’ai appris à l’aimer : les petites étincelles … et puis, c’est quelque chose qui se maîtrise. Mais l’appareil à souder, là c’est autre chose. Je ne le maîtrise pas. La difficulté de pointer le pistolet à souder à l’endroit précis qu’il faut et de ne pas bouger en prenant le masque de protection. Le petit coup lorsque le fil à souder sort, la lumière aveuglante que l’on devine même à travers le masque : à chaque fois une petite frayeur. Je dévie, hélas. Puis c’est : bonjour l’odeur. Comment la décrire ? Cramée et métallique. Une odeur de métal cramé. Et lorsque j’ôte le masque, pour voir exactement ce que j’ai fait, et où, ce petit bubon incandescent qui irradie la chaleur. Je ne me sens pas en confiance. J’ai quand-même fini mes soudures. En faisant des trous dans une barre de métal trop fine. Merci pour les avoir rebouchés, Jeff.
Vient ensuite l’assemblage. Le moment où, la première fois, la remorque met ses roues. Elle a l’air sauvage avec ses restes de peintures : bleue la petite traverse, argentée la grande, rouge et noir les fourches. Rapiécée, comme quelque Frankenstein de remorque qui se serait échappé du dépôt d’ordures. Un Zombie. Qu’il faut maintenant dompter et attacher au vélo. Vient le moment de Julien G., l’inventeur. Qui va créer une solution pour attacher la remorque à mon vieux Peugeot Dame Ville et Campagne. Grand merci pour cette solution ingénieuse.
Puis, le deuxième jeudi soir, il faut se rendre à l’évidence : il n’y a plus rien à faire. La Remorque, MA Remorque est faite. Plus qu’à l’attacher au vélo pour une première course. Ça marche, ça tourne. J’ai réellement créé quelque chose.
Bon, il n’est pas tout à fait exact qu’il n’y ait plus rien à faire. Reste à … décaper, poncer, mettre de l’antirouille, poncer, mettre de la couleur à la bombe, laisser sécher, mettre du vernis, monter les entraves, fixer la caisse … Mais cela, c’est une autre histoire, et je sais que je vais y arriver, parce que maintenant : je sais faire.
Isabel VD